03 novembre 2009

La roulette russe

Je suis une fan finie de Lance et compte.

Je me rappelle que lorsque j'avais huit ou neuf ans, je collectionnais tout ce que je pouvais trouver où l'on pouvait voir mon beau Marc Gagnon dessus. Je me souviens que je talonnais ma mère pour qu'on aille chez Ultramar où l'on donnait, en échange d'un plein d'essence, des magazines qui mettaient en vedette le #7 du National de Québec.

Je m'imaginais un mariage romantique et plein de fleurs où je lui disais oui pour la vie. Je me voyais avec plein d'enfants sur les genoux, assise au Colisée en train de l'encourager après son truc du chapeau. Je rêvais de me noyer dans la mer bleue de ses yeux.

Toujours est-il que mon amour pour Marc Gagnon, né il y a plus de 20 ans,  fait en sorte que chaque lundi soir, j'arrête de vivre pour regarder ces fameux yeux bleus qui m'ont tant fait rêver plus petite. J'entends déjà l'amoureux chialer : «Mais c'est tellement mal écrit! Les dialogues, c'est n'importe quoi!»

Peut-être, mais je m'en fous carrément. Je m'amuse comme une petite fille de huit ans. Pis lundi soir, en regardant Marc Gagnon faire une injection à Suzie, je me suis rappelée de la machiavélique Valérie Nantel.

Vous savez, celle qui avait causé la perte de Danny Bouchard? Après l'avoir conquis sexuellement, la troublante prof d'université et grande statisticienne l'invite à jouer à un jeu dangereux : la roulette russe.

On prend un fusil. On ne met qu'une seule balle dans le barillet et on le fait tourner. On installe l'arme sur sa tempe et là on appui sur la détente. Une seule petite chance sur six que la balle meurtrière se retrouve dans notre cerveau. Une toute petite chance. Une infime chance. 16,6% des chances en fait.

«Puis, tu verras, tu vivras le trill de ta vie. Tu ne te sentiras jamais autant en vie que lorsque tu auras échappé à cette balle», lui disait-elle.

Danny Bouchard appuie donc sur la détente. Bang. La balle était là. Fini. Plus rien à faire, malgré les regrets. Malgré les remords. Il a joué à la roulette russe. Il a perdu à la roulette russe.

Les statistiques ne sont pas toujours un jeu de hasard comme à la 6/49. Les statistiques ne sont pas toujours que de simples chiffres alignés dans un tableau. Parfois, les statistiques veulent dire quelque chose. Vraiment.

* * *

Un vendredi soir normal comme il y en a 51 autres par année. Où Léo, trois ans, court partout. Où il échappe son verre de lait par terre. Où il rigole avec ses deux grands frères. Où il se fait gronder par sa mère parce qu'il met de l'eau par terre alors qu'il tente d'échapper à de vilains requins dans son bain haut de trois pouces d'eau.

Un simple vendredi soir où les trois frères écoutent les Bagnoles pour la 154e fois cette semaine-là avant d'aller au lit. Où maman Édith s'aperçoit que le front du petit Léo est beaucoup plus chaud que les 37,5 degrés qu'est supposé indiquer un thermomètre. Où le petit bonhomme de trois ans tombe tout à coup très amorphe.

«Viens mon poulet. Maman va te donner du Tempra. Ça ira mieux rapidement.»

Malheureusement, ça n'a pas été le cas. Tout a dégénéré rapidement. Trop rapidement. Moins de trois heures plus tard, le petit Léo ne parvenait plus à respirer normalement. Où était le petit Léo qui courrait à grandes enjambées autour de la table au souper?

Le 911 est composé. L'ambulance est dans la cour. Le petit Léo est intubé. Et tout ce que maman Édith entend, c'est l'ambulancier qui dit au médecin de l'urgence: «Je suis en train de le perdre! Je suis en train de le perdre!»

Le petit Léo n'est pas parti au paradis des enfants. Heureusement. Tout est rentré dans l'ordre.

Il a gagné au jeu de la roulette russe de la H1N1.

Mais comment savoir si nous serons LA personne qui décèdera de cette foutue grippe?

Pas envie de jouer à la roulette russe. Pis surtout pas avec mes filles. Nous serons vaccinées point final.

Je laisse ces jeux aux cinglés à la sauce Valérie Nantel.

 

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Mais si tu savais gennie combien se crois immunisé contre ce jeu... ils se trouvent plein de raison pour dire que ça ne leur arrivera pas à eux. Et je te jure que quand ça t'arrive à toi, quand c'est toi la statistique, c'est bien différent.
Mon tit léo va mieux, yé pas mort, mais yé toujours pas fort, je suis pas 100% tranquille encore. je pleure encore quand j'y repense et le serre bien fort dans mes bras mon touti léo... J,ai eu de la chance malgré tout, mais m'en serait bien passé.

Unknown a dit...

j'en suis toute remuée et je ne connais pas ce petit trésor... mais ayant moi-même un petit Marek de 3 ans, je peux très bien imaginer le scénario... ou bien pour sa soeur de 5 ans... Oui, moi aussi ils ont été vaccincés, cette roulette russe ne tombera pas sur nous... du moins je le souhaite de tout mon coeur.