03 mars 2008

Patience et microbes

Tout le monde est malade autour de moi. C’est la pagaille. Vraiment. Voyez.
Les filles de Chantal sont sur le point de faire exploser le thermomètre. Les jumeaux de Séb alternent entre otite et bronchiolite depuis des semaines. Laura combat une féroce varicelle. Pendant que le trio de Karine passait son temps entre le lit et la toilette la semaine dernière, elle jonglait entre le Pédialyte et l’eau de Javel. Julie est partie en trombe du bureau mercredi pour aller récupérer sa cocotte qui se plaignait de douleur à la garderie.
Justine et Théo frisent des records de rendez-vous à la clinique. Après quatre heures d’attente à l’urgence, Marie-Ève est repartie avec une prescription de Biaxin, de Flovent et de Ventolin pour son plus grand. Diagnostic : broco-pneumonie. Quand Sandra débarque avec sa marmaille chez le doc, toutes les secrétaires l’appellent par son nom.
Dom a tellement acheté de Tempra depuis novembre, qu’elle songe à s’inscrire auprès de la compagnie comme fournisseur officiel. Ça serait tout de même plus simple de voir arriver le camion de livraison chaque semaine plutôt que de courir à la pharmacie à tout bout de champ.
Ici, le thermomètre est poussiéreux. J’ai mis à la poubelle deux bouteilles de Tempra, une de sirop contre la toux, une de Tylenol pour enfants parce que la date d’expiration était passée. Celle du Pédialyte est borderline, mais j’ai encore quelques mois de lousse pour le Calmylin et l’Advil. J’ai également mis à vendre sur lespac mon humidificateur à Vicks.
Mes héritières n’ont pas manqué une seule journée d’école de l’année. Par conséquent, je n’ai pas callé malade à la shop depuis belle lurette. J’avoue que je n’ai aucune idée où sont passées leurs cartes d’assurance-maladie tellement ça fait longtemps qu’elles ont servi. J’espère que notre médecin de famille ne s’inquiète pas trop de notre absence. En espérant qu’il ne le prenne pas personnel.
Comme je n’aime pas être à part des autres, j’ai commencé à enquêter sur la non-présence d’une quelconque maladie à Proulxville. Pourquoi donc les microbes boudaient-ils ma famille? Parce qu’on s’entend que si aucune incubation de bactérie ne peut se faire dans le périmètre de ma maison, regardez bien l’argent que je vais faire tantôt!
Alors, c’est quoi ma recette pour éviter nez qui coulent et soirées passées dans la salle de bain à retenir les cheveux des mes puces pendant qu’elles se vident les entrailles? Je n’en ai aucune espèce d’idée!
Pourtant, nous ne nageons pas dans une mer de gel désinfectant pour les mains. Pas de multivitamines ou de propolis d’abeille à l’horizon. Je n’enferme pas mes rejetons dans leur chambre à l’abri de germes fouteurs de pagaille de système immunitaire. Et je ne cours pas les Varivax et vaccins contre l’Influenza.
Serait-ce les milliers de litres de lait de soya que je leur oblige à boire? Est-ce dû aux tonnes d’oranges et de cantaloups (reconnus pour leur haute teneur en vitamine C) que nous ingurgitons chaque semaine. Peut-être les milliers de yogourts aux pro-biotiques qui prennent place dans mon fridg? Sais pas.
Meuh non! Il n’y a pas si longtemps, c’est moi qui passais ses soirées à la clinique. C’était Filou qui dormait à l’hosto pour être réhydratée avec un soluté branché sur le coco. C’était Max qui m’a fait mourir de peur avec cette pneumonie qui ne guérissait pas. Je vous épargne les épisodes de poux, de varicelles, de crises d’asthme, de dents cassées, de pneumonies, de bronchiolites, de prise poids lente, d’infections urinaires, d’herpangine, d’otites, de cholestéatome congénital.
Je crois que ma recette, qui est très simple mais ô combien efficace, est la suivante : attendre patiemment que passe la petite enfance. Le temps fait son œuvre et ces nuits passées à entendre des quintes de toux ou à changer des draps remplis de vomi ne seront que de mauvais souvenirs…

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