17 mars 2009

Les trois souhaits d'Élise

C’était là. Sur une simple feuille de papier brouillon prise dans le fond du bac de récup. On pouvait y déchiffrer trois trucs que ma copine souhaitait voir réaliser.
Nous avions le bedon bien plein après une sale bouffe popotée par mon amie. JF nous servait de sa bonne bière maison quand il a lancé cette question : « C’est quoi cette foutue histoire du Secret? On ne parle que de ça partout! »
C’était il y a à peine un an. Nous étions à l’époque où Le Secret, un livre vendu à plus de 10 millions d’exemplaires dans près d’une quarantaine de pays et qui dévoile la recette miracle pour combler tous nos désirs, faisait des malheurs.
Bien que je n’avais pas lu livre en question et encore moins vu le film, je connaissais les grandes lignes, le principe de la chose. « C’est une théorie qui affirme que si tu veux quelque chose dans la vie, tu dois le dire à l’univers », lui avais-je répondu simplement.
Le taux d’alcoolémie aidant, nous avions joué le jeu. Ensemble, nous avions écrit tous nos désirs sur papier. Des plus loufoques (se faire réveiller par Brad Pitt chaque matin) aux plus sérieux (que mes poules soient heureuses pour le restant de leurs jours), rien n’a échappé à notre plume.
Élise a collé la sienne sur le frigo. Bien en vue. Afin de se rappeler chaque jour pourquoi elle bossait comme une dingue pour terminer ses études tout en travaillant à son compte pour amener un peu d’argent dans son compte de la Caisse pop.
On pouvait y lire, dans l’ordre, ceci :
1. Partir au plus vite de cet appart;
Faut dire que vivre à deux dans un minuscule trois pièces et demi alors que les occupants de l’endroit bossent tous deux de la maison a de quoi rendre fou la plus patiente des personnes.
2. Avoir un boulot digne de ce nom;
Depuis que ma copine a quitté son Piopolis natal qu’elle occupe des emplois précaires, peu valorisants, et ô combien pas payant. Une demande totalement justifiée.
3. Fonder une famille;
Du haut de ses 27 ans, après avoir vu défiler bon nombre de bédaines dans son salon, l’utérus d’Élise criait au meurtre.
Elle ne demandait pas la lune à la vie, mon amie. Rien d’exagéré. Pas de trucs impossibles. Pas de liste interminable. Seulement trois souhaits.
Les semaines ont passé. Puis les mois. Nous avions même oublié ce petit exercice de visualisation positive quand le téléphone a sonné chez Élise. On lui offrait un emploi. Un vrai de vrai. Une job avec des avantages sociaux pis un fonds de pension. Où elle aurait son bureau et même une adresse courriel à son nom. Pis chaque jeudi, un talon paye serait déposé dans son pigeonnier et elle cotiserait à l’Assurance-Emploi.
Quelques temps plus tard, elle nous apprenait qu’elle quitterait son appart lilliputien pour déménager son petit bonheur dans un duplex qu’elle venait tout juste d’acquérir avec son amoureux. L’encre n’a même pas eu le temps de sécher sur l’offre d’achat de la maison qu’elle nous annonçait que son utérus logeait désormais un petit colimaçon.
C’est quand je suis revenue de l’hôpital mercredi après-midi, que j’ai repensé à notre séance Le Secret. Le matin même, Élise m’avait fait le plus beau des cadeaux, celui de voir naître sa petite Rose-Alice.
En moins d’un tour complet de calendrier, mon amie avait réussi à biffer les trois désirs de sa liste. Je ne sais pas si Le Secret y est pour quelque chose. Si l’univers a entendu ses demandes. Dans le fond, ce n’est pas très important. Le bonheur de voir mon amie si heureuse vaut bien des bouquins.

3 commentaires:

Karine a dit...

Quoi de mieux que de croire en son destin ! Félicitations Elise !!!

Élisou a dit...

Ma chère amie, y'a des larmes qui ont été versées ici, et pas celles du babyblues! Tu as encore une fois tapé dans le mille avec ta chronique. Merci, merci, merci. Tu me connais mieux que moi-même ;)

Anonyme a dit...

Salut Ge,

J'ai collé ton article sur mon frigo (à côté de celui du Paradis des papas) et crois-moi mon frigo n'est pas rempli ! Il n'y a que tes articles et un dessin de ma nièce chérie !

Justement, mon amie d'Edmonton (chez qui je déménage en mai !) me parlait lors de mon dernier voyage du livre que je devrais peut-être lire... Le livre attend dans ma table de chevet d'ici là.

J'ai bien besoin de pensées positives ces temps-ci, car comme tu as sûrement compris je déménage en Alberta après avoir vendu ma maison le 1er mai !!! Changement de vie en vue !

Merci pour ton merveilleux blogue (et celui avec les recettes aussi !) et je te jure de les lire dans l'Ouest Canadien !

Bisous à toi et aux puces XX
Christine Beauchesne