12 mars 2009

Où se donne la formation des mamans?

Tiré de mon relevé de notes émis par l’Université de Sherbrooke quelque part en 2001: baccalauréat en histoire incluant une mineure en lettres et langue française. Crédits obtenus: 90.
Tiré de mon talon de paye émis par mon employeur mercredi dernier: rédactrice en chef adjointe. Heures travaillées: 32,5.
Tiré de mon permis de conduire émis par la Société de l’assurance automobile du Québec au printemps 1992: «Classe: véhicule de moins de 4500 kg et habitation motorisée».
Tiré de mon évaluation de cours de ski émis par un moniteur du mont Bellevue en 1987: Niveau obtenu: «Parallèle 2».
Tiré de mon résultat d’examen de violon émis par l’École de musique Vincent-D’Indy en 1985: Certificat obtenu: «Élémentaire II avec mention Distinction (70 %)».
Tiré de mon carnet de santé émis le 18 avril 1976: score d’Apgar à la naissance 8/ 10.
En regard de tous ces papiers qui traînent dans une vieille filière en carton dans le fond de mon garde-robe, nous pouvons déduire que je suis une historienne-journaliste-conductrice-de-voiture-bonne-skieuse-mauvaise-violonniste et que je respirais relativement bien à ma naissance.
Mais je ne trouve rien qui certifie que je suis une bonne maman. Rien. Niet. Nada. Pourtant, je le suis si vous voulez savoir. Voyez par vous-même.
Samedi midi, j’ai coupé des oignons en quantité industrielle, j’ai fait revenir du bœuf dans de l’huile d’olive, j’ai fait sauter des poivrons, j’ai assaisonné mon macaroni et j’ai servi le tout à mes poulettes. J’ai passé une autre heure devant le fourneau en fin d’après-midi. J’ai fait la même chose dimanche. Et la veille itou. Pis probablement que je ferai de même pour encore plusieurs années. Mais je ne porte pas de toque de chef.
Le week-end dernier, j’ai pris la température de Filou aux quatre heures. Je lui ai administré du Tylenol en alternance avec de l’Advil. Je lui ai frotté le dos avec du Vicks. Je lui ai fait prendre du sirop contre la toux. J’ai diagnostiqué un bon rhume. Mais je ne porte pas de sarrau de médecin, ni de chaussures blanches d’infirmière.
Hier, j’ai frotté un chandail taché de jus de raisin. J’ai fait trois brassés de foncé, une de blanc et une de rose. J’ai plié le tout et rangé dans les tiroirs. Mais je ne porte pas de nametag du nettoyeur du coin.
Ce matin, j’ai nourri Lili, la lapine. J’ai aussi changé sa cage, rempli son bol d’eau, offert une bonne carotte. Et je dois voir à couper ses griffes. Mais je ne bosse pas dans une animalerie.
Pendant toute la semaine de relâche, j’ai traîné les filles en ski et au cinéma. Nous avons fait des cupcakes ensemble. Nous avons joué à Mario Galaxy à la Wii. Nous avons glissé et nous avons aussi lu collées dans lit. Croyez-vous que je possède le titre de technicienne en loisirs?
Je vous épargne la fois où j’ai fait une plombière de moi et que j’ai réparé la toilette que Filou avait bouchée. Celle où je suis devenue psychologue quand ma grande s’est chicané avec sa meilleure amie. Ou encore quand je joue la couturière pour faire les costumes de spectacle de fin d’année de mes petites artistes.
Être une maman, c’est avoir une description de tâches tellement longue qu’elle ferait peur à n’importe quel postulant. Si le cours «Comment devenir une bonne mère» s’offrait dans les universités du monde, il ne serait pas surprenant que ses salles de classe soient vides. Et si nous étions payées à notre juste valeur, la crise économique n’aurait jamais eu lieu.
Parce qu’être maman, c’est avant tout une histoire de cœur. C’est de faire confiance à son instinct. Et ça, ça ne s’apprend pas nulle part.

3 commentaires:

Christine (Maman Chouette) a dit...

J'ai bien aimé ce post ! Bien dit :)
Je suis dans l'univers des mamans depuis 10 mois et demi et effectivement, ma liste de titres s'allonge de jours en jours. hihihi

Jo-bine a dit...

On appelle ça l'école de la vie :o)

Carolyne Soulard a dit...

Tu as encore mis en mots ce que beaucoup de mamans pensent tout bas. Bravo! On est faite fortes hein?!?