07 juillet 2009

La briseuse de famille

J’aurais voulu lui arracher les yeux.
Littéralement.
Ses longs cheveux, je m’en serais servi pour l’étrangler.
Je rêvais de la découper en tout petits morceaux et de la faire frire dans du Crisco. Pas question de gaspiller de l’huile d’olive pour elle.
Je me retenais à deux mains pour ne pas lui téléphoner à 2 h du matin et lui chanter un paquet de bêtises, lui crier ses quatre vérités.
Je passais des heures à ébaucher des plans machiavéliques de vengeance. Je me demandais comment couper la ligne de frein de sa voiture. De quelle façon je pourrais entrer en contact avec son patron pour lui raconter n’importe quoi sur son compte.
Je voulais qu’elle souffre. Qu’elle pâtisse. Qu’elle éprouve autant de peine que je pouvais en avoir. Que sa vie devienne un enfer.
Je priais tous les dieux de l’univers pour qu’un jour, quelqu’un lui fasse autant mal qu’elle m’en avait fait.
J’aurais voulu jouer aux dards avec sa face comme cible. M’adonner au Vaudou avec une petite poupée qui la représentait.
Je passais des heures à la bitcher. À dire qu’elle était une ci, une ça. Qu’elle était comme ça et surtout pas comme ci.
Je me voyais arriver chez elle au beau milieu de la nuit pour faire sauter une bombe.
Bang!
Sors de ma vie. Sors de notre vie.
Je me levais la nuit pour l’haïr.
Je me levais la nuit pour haïr la vie qu’elle m’avait imposée.
Je me levais la nuit pour haïr la vie qui l’avait mise sur mon chemin.
Je la détestais quand mes poulettes partaient chez papa et qu’elle prenait ma place auprès de mes filles.
Je la détestais quand Max et Filou revenaient à la maison le lundi matin avec de belles tresses aux cheveux qui n’étaient certainement pas l’œuvre des gros doigts de papa.
Je détestais quand ma plus vieille me racontait ce bon souper qu’Elle avait fait.
Je détestais quand ma plus jeune me disait qu’Elle était gentille et drôle.
Je la détestais parce qu’elle vivait ma vie un week-end sur deux.
Je la détestais tout le temps. Tout le temps. Tout le temps.
Puis les choses ont changé.
Tranquillement. Mais elles ont changé.
Tranquillement, j’ai réalisé que j’étais nounoune. Stupide. Idiote.
Nounoune parce que mes puces étaient chanceuses d’avoir une belle-mère qui les aimait autant.
Stupide parce que je bousillais mon temps à entretenir des pensées négatives à propos de quelqu’un qui n’avait pas choisi de briser une famille.
Idiote parce que j’ai compris que cette femme n’était pas la cause de la rupture entre l’ex et moi. Elle était une conséquence.
Mais c’était tellement plus facile de tout lui mettre sur le dos plutôt que d’accepter ma part de responsabilité dans l’échec de ma relation amoureuse.
À toutes celles qui rêvent la nuit d’étrangler la nouvelle belle-mère de leurs enfants, je peux vous certifier que les nuits sont beaucoup plus reposantes lorsqu’on l’accepte

6 commentaires:

Peccadilles a dit...

Oh my god, je sais trop de quoi tu parles, c'est dont dur de vivre ceci... j'accepte mes tords, mais j'ai encore beaucoup de misère à pardonner. Beeen d'la misère...

Anonyme a dit...

Que c'est bien dit! Il faut savoir accepter, tant que nos enfants sont bien, c'est le principal. ;-)

Christine (Maman Chouette) a dit...

Tu écris vraiment bien ! Je ne connais pas cette situation, mais tes mots sont vraiment géniaux !

Anonyme a dit...

C`est tellement humain. Nos enfants c`est la prunelle de nos yeux. Notre première réaction c`est la peur mais la preuve que tu es une belle personne qui aime ces petits c`est de leur permettre de vivre de beaux week-end sans se culpabiliser de faire souffrir leur maman. Au fil du temps cette 2ème femme dans la vie de tes enfants va peut-être devenir ton alliée. Si si si c`est possible...

Karine a dit...

Très très beau texte... et très touchant... lâche pas... tu as tout à fait raison, mais je comprends que cela doit être terriblement difficile...

Anonyme a dit...

surtout que pour elle ça n'a pas du être facile non plus ! elle devait craindre la vraie maman !