18 février 2010

Flashback d’une époque révolue

Filou venait de souffler deux chandelles sur son gâteau de Dipsy. Pour l'occasion, on lui avait offert une place à la garderie de sa grande sœur. Enfin, je n'aurais plus à conjuguer avec des horaires d'ouverture compliquées que l'on retrouve trop souvent en milieu familial (vous savez les deux semaines de congé à Noël, la relâche, les quatre semaines l'été, les fermetures soudaines parce que la responsable est malade, les heures d'ouvertures qui ne cadrent pas du tout avec mon statut d'étudiante universitaire : 7 h à 16 h…). Enfin, le belle vie.

J'ai aimé tout de suite le CPE. Tout comme ma poulette qui adorait aller jouer avec ses copains, dessiner de grandes œuvres d'art, fredonner des petites comptines et écouter avec grande attention les histoires que son éducatrice Christine lui racontait.

Ma Filou était belle à voir dans sa balançoire dehors à me faire de mignons bye bye quand je quittais les lieux. J'aimais échanger avec son éducatrice sur les progrès qu'elle faisait. J'étais rassurée de lire les petits comptes-rendus quotidiens auxquels j'avais droit dans son cahier de bord.

Mais il y a des jours où le CPE, je l'aurais foutu aux vidanges. J'en aurais fait du pâté pour les chiens. Je l'aurais sortie de ma vie à gros coups de pied vous savez où.

Bilan de la première année de fréquentation de Félixe à la garderie : quatre otites, une bronchiolite, deux gastros, quelques fièvres inexpliquées, une varicelle, la cinquième maladie et, bien sûr, des petits virus qui font bailler d'ennuis tellement ils sont ordinaires (nez coulant, yeux rougis et thermomètre qui dépasse les 38,5 degrés règlementaires). Et sans oublier les foutus poux!

Ouf!

Que d'heures passées à la clinique à attendre de voir le médecin, à faire la file pour des radiographies de poumons, à prier pour que le pédiatre ne veuille pas la garder pour la nuit en pédiatrie, à enlever une par une les lentes qui avaient élu domicile sur ses beaux cheveux. Que d'argent dépensé en antibiotiques, en Tempra, en calamine. Que de nuits entrecoupées de pleurs, de toux, de «mamannnnn!», de draps à changer, de vomi à ramasser…

Mais surtout que de journées de travail perdues. «Désolé, je ne peux pas travailler, ma fille est malade.» «Je m'excuse, je dois quitter absolument. La garderie vient de m'appeler, Félixe vient de dégueuler!» «Je sais, j'ai déjà manqué deux journées de travail ce mois-ci. Oui, oui je sais que je vous mets dans le pétrin, mais je ne peux pas encore aujourd'hui rentrer aujourd'hui. Je sais, c'est poche, mais le règlement est clair. Quand les enfants ont des poux, ils ne peuvent pas aller à la garderie.»

Après être devenue la reine du dosage de Tempra, des mesures de désinfection à prendre en cas de gastro et du maniement de la pompe à Ventolin et à Flovent, j'étais surtout devenue experte en gestion d'horaire de travail. À force de pratique, je savais quoi dire et ne pas dire au patron pour excuser mon absence du jour. Je savais quel ton utiliser, à quel moment appeler et comment m'y prendre afin de ne pas recevoir illico mon 4%.

Combien de fois ai-je hurlé mon indignation face aux trop peu de congés qu'il est possible de prendre pour s'occuper de nos loulous? Combien de fois ai-je pleuré devant mon chèque de paye amputé par ces jours passés à faire la garde-malade qui étaient, évidement, non rémunérés?

Heureusement que cette époque a fait son temps. Les mois, les années ont passé et les bobos de Filou qui me clouaient à la maison étaient de moins en moins nombreux. Tellement que, l'an dernier, ma poulette n'a pas raté un seul jour d'école pour cause de maladie. Pas de gastro, pas de rhume, pas d'otite, rien, rien, rien. J'ai même dû jeter ma réserve de Tempra et mon Pédyalite parce qu'ils étaient périmés.

C'est donc avec stupeur, la semaine dernière, que j'ai dû composer avec une sale gastro et un streptocoque. Quatre jours de congé d'école pour Filou. Quatre jours d'absence du bureau pour maman.

Je suis chanceuse maintenant. Mon travail me permet de bosser avec une petite poulette fiévreuse à mes côtés dans le confort de mon divan. Mais ça m'a ramené en pleine face qu'il y a des millions de travailleuses qui n'ont pas le même luxe.

Pour l'heure, la loi octroie dix congés sans solde aux parents pour vaquer à leurs obligations familiales. Mais à quand des congés payés pour toutes ces heures passées à prendre soin de nos rejetons?

3 commentaires:

grenouille verte a dit...

tout à fait d'accord avec toi.....et quand nous travaillons dans le privé c'est pire ! aucune journée de payé ....à part si l'employée elle-même est malade....c'est plate mais on doit mentir !!

Une maman monoparentale n'ira jamais conduire son crapaud malade à la garderie voyons !! et papa ne réponds pas ce jour-là .....

oufff !!quel mauvais souvenir.....maintenant ils sont grands !! merci la vie !! xxx

Anonyme a dit...

Et ca va etre à recommencer avec boumboum!

Geneviève a dit...

Wow!!! J'appréhende mon retour au travail en sept. prochain avec 1er bébé à la garderie!!!