03 juin 2010

Éloi, Rose-Alice et les caprices

Il y avait du monde à la messe dimanche. La maison était pleine à craquer. Mais même s'il y avait plein d'amis et de membres de ma famille chez moi, c'est surtout pour Éloi et Rose-Alice que la plupart des paires d'yeux présents ont craqués.

Éloi, c'est mon filleul de onze mois. Rose-Alice, c'est la poupoune de 13 mois de mon amie Élise.Difficile de rivaliser avec eux pour attirer l'attention, même avec mon énorme globe-terrestre que je cache sous mon t-shirt.

Avec leurs yeux enjôleurs, leurs sourires craquants, leurs minois qui feraient fondre n'importe quelle banquise du Groenland, le duo Éloi-Rose-Alice n'est pas passé inaperçu lors de son séjour dans mon salon.

Et ce n'est pas pour les crises de larmes ou parce qu'ils ont tout détruit sur leur passage que nous avions continuellement nos barniques pointées vers eux.

Pentoute. C'était tout le contraire!

Même Amélie n'en revenait pas. "Mais ils sont donc ben gentils. Ils sourient tout le temps!"

C'est vrai qu'ils sont adorables ces poussins. Jamais je ne les ai entendus pleurer. Jamais. Jamais. Depuis leur naissance qu'ils sont heureux ces mômes.

Ç'a toujours un sourire de scotchtapé dans la face ces bébés-là, ce n'est pas mêlant. Toujours prêts à nous montrer leur dentier de deux quenottes et à tendre les bras à tous ceux qui ont envie d'un câlin.

Bref, ils sont irrésistibles. Si on pouvait en acheter des pareils au magasin, ce serait deux modèles qui feraient fureur.

Et Amélie qui disait sans cesse qu'ils étaient adorables. C'est que les référents de la copine en matière de bébés se résument en poupons qui hurlent à la moindre contrariété. Qui refusent de dormir la nuit. Qui passent leur temps sous les jupes de leur mère.

Je lui ai donc soumise ma théorie à cinq cennes.

"Éloi et Rose-Alice sont deux bons exemples qu'il faut répondre aux besoins d'un bébé. S'il pleure, c'est qu'il y a un problème à régler. Et leurs parents ont toujours répondu présent quand leur rejeton leur signifiait que ça n'allait pas. Comme ces bébés savent que maman ou papa ne sont jamais très loin, ils débordent d'assurance."

"Ouais... mais les caprices?"

Les caprices... Je déteste ce mot. C'est laid et surtout inutile.

"Un bébé, ça n'a pas de caprice. C'est trop niaiseux pour en avoir. S'il pleure, c'est qu'il y a quelque chose qui cloche, qui ne tourne pas rond. Il a faim. Il a froid. Sa couche est pleine. Il a soif. Il a chaud. Il est triste."

D'autres se sont mêlés à la conversation quand j'ai dit qu'un bébé qui pleurait pouvait être triste et qu'il avait le droit de vouloir se réfugier dans les bras de sa mère. Qu'il ne fallait pas capoter et que c'était un bon départ vers les caprices.

Là, j'ai bondi. Qui a décidé qu'un jour un poupon qui est triste n'a pas le droit d'être consolé? Que ce besoin était moins important que celui d'être alimenté? Ce n'est pas un peu ridicule comme analyse? OK bébé, maman est là pour te nourrir, mais pour le reste, arrange-toi avec tes troubles. Avec tes trois mois de vie, tu es supposé être capable de te débrouiller seul? Hein?

Notre génération est en pleine confrontation avec celle de nos parents qui nous laissaient pleurer entre les boires parce que c'était aux quatre heures qu'il fallait donner un biberon. Mon père se fout encore de ma gueule parce que j'ai allaité Filou pendant près d'un an, un temps qu'il jugeait olympique. On m'a jugée souvent parce que j'ai dormi avec mes enfants quand ils étaient minuscules. On m'a souvent dit que j'allais donner des mauvais plis à mes filles parce qu'elles étaient souvent dans mes bras.

Est-ce que mes enfants sont capricieux aujourd'hui? Pentoute. Au contraire! Elles foncent dans la vie avec assurance et confiance. Pas de crise si elles doivent dormir ailleurs. Pas de craintes lorsqu'elles se retrouvent dans une nouvelle situation.

Et Éloi et Rose-Alice sont deux autres preuves de ma théorie psycho-bonbon. Que je ne t'entende plus dire ce mot-là, Amélie. Les caprices, à la poubelle!

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