03 juin 2010

Un coccyx qui fait mal pis une confiance oubliée dans l'auto

Je suis assise dans la salle d'attente d'échographie au CHUS. Un petit souci au niveau du placenta, vu à l'écho morphologique de 20 semaines, fait en sorte que la gynéco a demandé un écho de croissance pour s'assurer que la poulette qui nage dans ma piscine grossit bien.

Je suis assise sur une chaise inconfortable. Devant moi, un jeune couple avec des sourires Crest qui feraient baver d'envie n'importe quel publicitaire. J'ai l'impression qu'ils vont se débarquer la mâchoire tellement ils affichent un air heureux. On devine qu'ils viennent à la rencontre de leur premier bébé.Un autre couple arrive. Pis un autre. Ça n'arrête pas. C'est à croire que tous les couples du coin attendent le passage de la cigogne. Ça sent les hormones de femmes enceintes à 100 milles à la ronde. Pis tout le monde sourit. Tout le monde.

Je suis toujours assise sur cette chaise tellement pas confortable pis je commence à avoir mal au coccyx. L'horloge devant moi affiche 30 minutes de retard sur mon rendez-vous. Je soupire d'inconfort. Je vais m'informer à la réceptionniste qui m'informe que le rendez-vous de 14 h 30 n'est toujours pas passé. Ma voisine de chaise s'empresse de me dire qu'elle était prévue à... 14 h! Moi mon rendez-vous était à 14 h 45 et il est 15 h... Déprimant.

J'ai l'air d'être la seule qui trouve le temps long. Qui n'affiche pas un air d'enfant de quatre ans devant sa piste de course qu'il vient de déballer pour Noël.

À vrai dire, je me questionne. Qu'est-ce que je fous ici? Que suis-je sensée venir chercher?

J'ai l'impression de perdre mon temps.

Parce que je le sais que tout est A-1 derrière mon panneau de jeans. Je sais que la #3 se développe bien. Je le sais qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Je le sais. Je le sens.

Mon bébé bouge (trop) bien. Ma hauteur utérine est dans les standards. Tout le reste des examens est numéro 1 (pression, rythme cardiaque, etc.).

Alors pourquoi? Pourquoi j'angoisse avec cette foutue écho?

Pourquoi je remets dans les mains d'une gynécologue et d'une technicienne en radiologie toute ma confiance alors qu'au fin fond de moi, je sais que tout baigne?

Pourquoi je m'en fais de la sorte? Pourquoi j'imagine qu'un scénario d'horreur se dessinera obligatoirement sous mes yeux dès que la technicienne apposera son machin sur ma bedaine beurrée de gel conducteur? Pourquoi je pense déjà à ce que je ferais de mes deux autres filles advenant le cas que l'on doive m'accoucher sur le champ parce que ma #3 afficherait un possible retard de croissance? Pourquoi je m'imagine déjà en train de bercer mon bébé qui sera branché de partout en néonat?

Ridicule.

Complètement stupide.

Certains diront que c'est plaisant de voir des images de son héritier nageant dans sa piscine. Ça rend les choses plus concrètes diront d'autres.

Pas besoin de concret avec les coups qu'elle me donne aux hanches au milieu de la nuit. Pas besoin de concret avec le hoquet qu'elle a sans cesse.

Pas besoin de concret, les chiffres de la balance qui ne cessent de monter (visent-ils un record olympique?).

Je sais que j'ai un locataire dans le bide. Pas besoin de la tête à Papineau pour rendre ça concret!

D'autres diront qu'il vaut mieux prévenir que guérir. À ceux-là, je leur dis : "Peut-être. Mais toutes ces interventions médicales font en sorte d'énerver pour rien trop de futurs parents. Ça les incite à mettre leur pouvoir de parents, leur confiance en eux de côté au profit de machines qui se branchent dans le mur. Désolant."

Voulez-vous la meilleure? La poulette pèse entre cinq et cinq livres et demi, ce qui en ferait un bébé de plus de huit livres à la naissance. Possible retard de croissance, disions-nous ?

Je le savais que tout était parfait. La prochaine fois, je me ferai confiance et j'épargnerai à mon coccyx ces chaises tellement pas confortables.

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