03 juin 2010

Entre joie et anxiété

Elle est ambivalente la Geneviève. Ouep. À quatre semaines de quitter le boulot pour son congé de maternité, la Geneviève ne sais pas trop de quel côté pencher. De quel pied danser. À quel saint se vouer.

Est-elle contente?Ou est-elle anxieuse de quitter?

Je viens tout juste de remettre au patron les détails de mon congé. Et j'avoue que ça a fait drôle.

Étrange parce qu'il me semble que c'était hier que j'annonçais au patron qu'un #3 me poussait dans le ventre. Le temps fi le défi nitivement trop vite.

Étrange parce que j'étais complètement persuadée, à la minute même où Filou a lâché son premier cri, que plus jamais je ne porterais des jeans à panneaux. Alors loin de moi était l'idée de me retrouver en congé de maternité un de ces quatre.

Étrange de penser que c'est quelqu'un d'autre qui, dans les prochaines semaines, sera assis sur ma chaise. Qui écrira ici. Qui prendra ma place.

Dans une société où le boulot de maman n'est pas tellement valorisé et où la carrière l'est au cube, diffi cile de partir l'esprit tranquille. De partir aussi longtemps sans se questionner le moindrement. Oui, j'ai hâte de me reposer. De cuisiner des plats congelés pour l'après. De laver des cache-couches roses nanane. De passer des heures à fl atter ma bédaine et regarder pousser les nouvelles vergetures qui feront leur apparition. De lire des magazines de fi lles sans remords. De laver mon plancher à quatre pattes. De prendre de longs bains pour réduire les Braxton Hicks. À attendre que LE moment soit enfi n venu.

Mais j'ai peur. J'ai peur. J'ai peur.

Peur de ne pas aimer ma nouvelle vie. De m'emmerder à faire des ga ga ga à longueur de journée. De tourner en rond dans mon salon devant une pile de couches à laver. Je ne connais pas ça, moi, des congés de maternité interminables. Aux deux premières, je tentais de décrocher un diplôme.

Pis j'ai peur de perdre ma place au boulot. On a beau être en 2010. Avoir une loi protégeant les femmes enceintes. Savoir que les mentalités ont évolué depuis les 30 dernières années. Mais j'ai peur pareil.

Tout à coup que la personne qui me remplace soit meilleure que moi?

C'est poche, hein, comme réfl exion? Le boulot prend tellement de place dans nos vies que ça en devient diffi cile de tout quitter pour le plus important: nos enfants. Même si on sait que c'est là la clef du bonheur et non pas sur un talon de paye...

Peur que vous, lecteurs, m'oubliiez. Certains jours, je me fais des plans, des scénarios qui n'ont ni queue ni tête. "Chéri, que dirais-tu de prendre tout le congé parental à ma place? " "Bonjour, madame! Est-ce que votre garderie accepte les poupons de 18 semaines?" "Bébé #3, à trois mois, tu es maintenant assez grand pour t'occuper toute seule toute la journée pendant que maman va faire des entrevues téléphoniques et écrire des textes de la maison?"

Et combien on gage que lorsque mon congé sera terminé, je vais vouloir tuer pour rester à la maison avec mon #3? Qu'est-ce qu'on est mal faites pareil, nous les bonnes femmes. Elle n'est pas ambivalente la Geneviève. Elle est pathétique...

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